Perdre une ressource vitale comme la mer d’Aral représente un drame pour des millions de personnes, tant sur le plan humain qu’environnemental. Beaucoup s’interrogent sur les raisons précises de l’assèchement de ce lac salé, autrefois immense, et sur les conséquences qui en découlent aujourd’hui dans cette région d’Asie centrale.
Cet article propose de répondre à ces questions en retraçant l’histoire de la mer d’Aral, en analysant ses causes profondes et en dressant un état des lieux actuel entre le Kazakhstan et l’Ouzbékistan. Il sera également question des impacts écologiques, économiques et humains majeurs, ainsi que des efforts entrepris pour restaurer ce qui peut encore l’être.
Enfin, nous verrons si la situation en 2025 laisse entrevoir un espoir de renaissance ou si la disparition totale est inévitable.
🔎 À retenir
- La mer d’Aral s’est fragmentée en plusieurs poches isolées, avec une seule en voie de restauration réelle : le Petit Aral (Kazakhstan).
- Le désert d’Aralkoum, né du retrait de l’eau, produit des tempêtes de poussière toxique menaçant la santé humaine à grande échelle.
- La disparition du lac a amplifié les migrations rurales et détruit des pans entiers d’économie locale basés sur la pêche.
- La coopération entre les pays riverains reste un enjeu central pour toute tentative de stabilisation à long terme.
- Des espèces de poissons sont revenues dans le Petit Aral grâce à la digue de Kok-Aral, symbole d’un succès écologique partiel mais encourageant.
Où se situe la mer d’Aral et pourquoi était-elle si importante ?
La mer d’Aral prenait place au cœur de l’Asie centrale, à cheval entre le nord du Kazakhstan et le sud de l’Ouzbékistan. Ce lac salé comptait parmi les plus grandes mers intérieures du monde jusqu’au XXème siècle, couvrant environ 68 000 km² à son apogée. Son nom, issu du kazakh « aral », fait référence aux innombrables îles qui parsemaient jadis sa surface.
Bien plus qu’un simple plan d’eau, la mer d’Aral régulait le climat régional, soutenait une pêche florissante, favorisait l’agriculture irriguée et fournissait des ressources vitales à plusieurs millions de riverains. Sa perte a bouleversé tout un écosystème et fragilisé l’équilibre économique et social de la région.
Comment l’histoire du XXème siècle a-t-elle changé le destin de la mer d’Aral ?
L’histoire récente de la mer d’Aral a basculé dans les années 1960 lors de grands projets agricoles soviétiques. Le développement massif de la culture du coton a entraîné le détournement des deux principaux affluents du lac salé, l’Amou-Daria et le Syr-Daria, provoquant une diminution du volume d’eau sans précédent.
Dès les années 1970, la perte de superficie devient alarmante. La région voit alors apparaître une désertification rapide, transformant progressivement la mer d’Aral en symbole mondial de catastrophe écologique due à des choix politiques discutables.
Les grandes dates de l’assèchement
Quelques étapes clés illustrent cette transformation dramatique :
- Années 1920-1950 : stabilité relative et prospérité halieutique.
- Années 1960 : premiers détournements massifs des rivières nourricières.
- Années 1980 : séparation nette du Nord et du Sud Aral par manque d’apports.
- Années 2000 : naissance du désert d’Aralkoum, accentuation de la sécheresse extrême.
Chaque décennie a renforcé la désertification, modifiant profondément le visage de l’Asie centrale.
Evolution de la superficie depuis 1960
| Année | Superficie estimée (km²) | Pourcentage perdu vs 1960 |
|---|---|---|
| 1960 | 68 000 | 0 % |
| 1980 | 55 700 | -18 % |
| 1990 | 36 000 | -47 % |
| 2015 | 8 300 | -88 % |
| 2025 (est.) | 10 000* | -85 % |
*Cette estimation prend en compte les initiatives de restauration dans le bassin nord.

Quelles sont les causes principales de la diminution du volume d’eau ?
Les spécialistes s’accordent à dire que l’assèchement de la mer d’Aral résulte avant tout d’activités humaines mal maîtrisées. L’irrigation intensive, notamment pour la culture du coton en Ouzbékistan et au Kazakhstan, a épuisé les apports des deux fleuves principaux alimentant le lac salé.
À cela s’ajoutent des barrages peu efficaces, des infrastructures vieillissantes, de fortes pertes par évaporation et un manque de stratégie de gestion durable. Ces facteurs ont accéléré la diminution du volume d’eau et fragmenté la mer d’Aral en plusieurs poches isolées.
- Détournement massif des cours d’eau.
- Absence de coordination régionale pour la préservation de l’eau.
- Développement agricole non contrôlé et urbanisation croissante.
- Accroissement de la désertification autour du bassin aralien.
Va-t-on assister à la disparition totale de la mer d’Aral ?
Le désert d’Aralkoum, apparu sur le lit asséché, symbolise la menace de disparition totale du lac salé. Pourtant, certains signes positifs existent. Si le sud continue de décliner, la partie nord, située au Kazakhstan, profite de projets de restauration menés depuis 2005, notamment grâce à la digue de Kok-Aral.
Résultat : le volume d’eau du Petit Aral remonte lentement, offrant un exemple rare de succès écologique partiel. Cette dynamique donne l’espoir de préserver une fraction de la mer d’Aral et de limiter la progression de la désertification locale.
À l’inverse, des exemples tels que la mer la plus propre du monde illustrent la capacité de certains milieux aquatiques à demeurer exceptionnellement sains malgré les pressions environnementales.
Quelles conséquences pour l’environnement, les populations et l’économie locale ?
L’assèchement brutal de la mer d’Aral a engendré une crise écologique majeure. Les terres mises à nu libèrent des sels toxiques et des pesticides, dispersés par les vents sur des centaines de kilomètres, contaminant ainsi les sols agricoles et menaçant la santé des habitants.
Outre les problèmes de santé publique (maladies respiratoires, cancers), la région a vu disparaître son activité de pêche, l’effondrement économique des villages portuaires et un exode rural massif. La biodiversité, surtout sur le bassin sud, est presque anéantie.
- Augmentation des maladies chroniques et cancers.
- Abandon de villages et migration forcée des populations.
- Biodiversité quasi disparue.
Principaux impacts recensés
| Conséquence | Secteur touché | Zone concernée |
|---|---|---|
| Diminution massive de la pêche | Économie, alimentation | Kazakhstan, Ouzbékistan |
| Pollution aérienne accrue | Santé humaine | Tout le bassin aralien |
| Arideur exacerbée, tempêtes de sable | Climat, agriculture | Périphérie du lac |
| Migrations massives | Population | Sud Aral, Ouzbékistan |

Où en est la mer d’Aral en 2025 ? Peut-on parler de succès écologique ?
En 2025, la situation de la mer d’Aral reste contrastée. Au nord, le Kazakhstan récolte les fruits de ses efforts : augmentation du niveau de l’eau dans le Petit Aral, retour progressif de certaines espèces piscicoles, reprise modeste de l’activité économique et amélioration de la qualité de vie pour les communautés locales.
Dans le sud, côté Ouzbékistan, le recul de la ligne d’eau se poursuit malgré quelques projets pilotes. Aucune solution globale n’a permis jusque-là d’enrayer le processus d’assèchement et de désertification. Le bilan demeure donc mitigé, même si la réussite du nord offre un modèle encourageant.
- Hausse du niveau d’eau dans le Petit Aral (Kazakhstan).
- Réapparition de poissons natifs.
- Relance timide de l’économie locale.
- Régions du sud toujours très polluées et désertifiées.
Quels espoirs pour le futur proche et lointain de la mer d’Aral ?
Des experts insistent sur la nécessité d’une coopération renforcée entre le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et les autres pays d’Asie centrale. Un partage équitable des eaux du Syr-Daria et de l’Amou-Daria, des techniques agricoles économes et de nouveaux programmes de reboisement pourraient stabiliser la situation, voire améliorer certains indicateurs écologiques.
À court terme, la hausse du niveau d’eau dans le nord et la relance de la pêche sont des signaux positifs. Sur le long terme, il faudra poursuivre l’adaptation agricole, l’éducation à la gestion durable des ressources et soutenir la transition écologique pour préserver ce qui subsiste de la mer d’Aral.
- Modernisation des canaux et digues.
- Promotion de filières alternatives (tourisme, aquaculture).
- Sensibilisation accrue aux enjeux environnementaux.
Questions fréquentes sur la mer d’Aral et ses défis actuels
Pourquoi parle-t-on de la mer d’Aral comme d’une “catastrophe écologique mondiale” ?
La mer d’Aral est passée en moins de soixante ans d’un des plus grands lacs salés du monde à une fraction de sa taille initiale. Cela a provoqué une baisse spectaculaire de l’humidité, des tempêtes de sel et de poussière, ainsi que l’effondrement de la pêche. Les conséquences touchent la santé des populations, la terre cultivable et montrent l’impact considérable des activités humaines sur un écosystème entier.
Quelles sont les principales actions entreprises pour restaurer la mer d’Aral ?
Plusieurs actions marquantes ont été lancées au Kazakhstan :
- Construction de la digue de Kok-Aral pour retenir l’eau dans le Petit Aral.
- Modernisation des systèmes d’irrigation afin de limiter la perte d’eau.
- Projets pilotes de reboisement et de création de réserves naturelles sur les anciennes berges desséchées.
Ces efforts ont permis un certain retour de la faune et de la flore, mais peinent encore à changer la donne au sud, côté ouzbek.
Peut-on espérer retrouver un jour la mer d’aral telle qu’elle existait avant ?
Un retour total à l’état initial semble hautement improbable, tant les changements environnementaux sont profonds et la compétition pour l’eau intense. Cependant, maintenir le Petit Aral et stabiliser certaines zones restent envisageables grâce à des aménagements adaptés, des cultures moins gourmandes en eau et une meilleure gestion des ressources.
Quels effets la diminution de la mer d’Aral a-t-elle eu sur le climat local ?
La perte du lac salé a rendu le climat plus aride :
- Hivers plus froids et étés beaucoup plus chauds.
- Multiplication des tempêtes de poussière chargées de sel toxique.
- Baisse significative de l’humidité ambiante, aggravant la désertification.
Le microclimat local ne joue plus son rôle protecteur, perturbant gravement les écosystèmes et les sociétés humaines qui vivaient en harmonie avec cet environnement depuis des siècles.
Au final, comprendre le déclin de la mer d’Aral permet de mesurer l’ampleur des erreurs passées, mais aussi d’entrevoir des pistes d’espoir. Si la douleur de la perte demeure vive pour les populations et les territoires concernés, les efforts entrepris au nord témoignent qu’une mobilisation collective et durable peut inverser, au moins partiellement, le processus de désertification.
Préserver ce qui subsiste, adapter les pratiques et sensibiliser les générations futures restent essentiels pour éviter que cette tragédie ne se répète ailleurs.




