À la recherche d’un coin tranquille pour planter la tente ? Attention, certains endroits attirent plus que les amateurs de bivouac. En été, les vipères raffolent des mêmes recoins que nous : ombragés, calmes, abrités… sauf que pour elles, c’est un refuge idéal, pas un lieu de vacances. Et chaque année, des campeurs imprudents en font les frais.
L’emplacement que les vipères préfèrent… et qu’il vaut mieux éviter
Installer sa tente à l’ombre d’un muret de pierre, au pied d’un talus ou près d’un amas de rochers peut sembler malin en pleine canicule. Mais c’est précisément là que les vipères sont les plus actives, comme l’a révélé une étude du Muséum national d’Histoire naturelle et du réseau CAPTV, publiée à l’automne 2024.
Entre juin et août 2024, 92 cas de morsures de vipère ont été enregistrés dans des contextes de camping ou bivouac. Parmi eux, 38 % ont eu lieu à proximité immédiate de zones caillouteuses, ombragées, souvent envahies d’herbes hautes. À l’opposé, les terrains plats et dégagés n’ont concentré que 14 % des incidents. Le lien est limpide : plus le terrain est accidenté et sauvage, plus il devient propice à la rencontre.
Pourquoi ces endroits attirent tant les serpents
Après une pluie estivale, comme celles observées début juillet 2025 dans plusieurs départements (Ardèche, Lozère, Hautes-Alpes…), les conditions sont idéales pour la sortie des vipères aspic. Ces reptiles apprécient les recoins où ils peuvent réguler leur température, se cacher, chasser, et rester à l’abri des regards humains.
Les murs de pierre, les talus enherbés ou encore les lisières de forêts humides offrent des cachettes naturelles et un sol qui reste chaud après le coucher du soleil. Les herpétologues confirment que les vipères sont particulièrement actives à l’aube et en soirée, lorsque l’humidité ambiante et la chaleur du sol créent un environnement parfait pour elles.
Cinq erreurs qui augmentent les risques
Les morsures ne sont pas dues à une attaque volontaire : la vipère mord pour se défendre, et souvent parce qu’elle a été surprise. Voici les erreurs les plus fréquentes observées par les pompiers, urgences hospitalières et le réseau CAPTV :
- Planter sa tente contre un muret ou une rocaille sans vérifier les abords.
- Laisser des affaires dehors la nuit : chaussures, sacs ou tapis de sol deviennent des cachettes potentielles.
- Ne pas secouer ses vêtements ou sacs avant de les utiliser le matin.
- Marcher pieds nus ou en sandales, surtout au lever ou au coucher du soleil.
- Ignorer les zones à herbes hautes ou en friche autour du campement.
Le CHU de Grenoble, centre référent des envenimations, rappelle que 80 % des morsures se produisent lors d’un contact accidentel, souvent une main ou un pied mal placé.
Les bons réflexes pour camper sereinement
Bonne nouvelle : il est tout à fait possible de profiter du camping sans redouter chaque bruit de feuilles. Voici quelques gestes simples, validés par les spécialistes de la randonnée et les secours :
- Choisissez un emplacement dégagé, visible et loin des pierres ou talus.
- Avant d’installer la tente, inspectez les environs : trous, fentes, amas végétaux.
- Rangez toutes vos affaires dans la tente la nuit, y compris chaussures et sacs.
- Secouez systématiquement tout ce que vous portez ou utilisez après une nuit dehors.
- Portez des chaussures fermées, même pour aller chercher de l’eau à la tombée du jour.
Et si malgré tout une morsure survient : immobilisez le membre touché, restez calme, et appelez immédiatement le 15. Inutile de sucer la plaie ou de poser un garrot : seul le traitement médicalisé est efficace.
En somme, un bon emplacement de camping, c’est comme une bonne randonnée : ça se prépare. En restant attentif au terrain et en adoptant quelques bons réflexes, vous pourrez dormir à la belle étoile sans craindre de réveiller un hôte à écailles. Parce que le camping, c’est avant tout la liberté… mais jamais au mépris de la sécurité.
Isabelle Duferne est autrice pour uniclima.org, passionnée par les solutions concrètes aux défis environnementaux. Diplômée en sciences de l’environnement, elle a travaillé sur des projets de préservation de la biodiversité et de transition énergétique. À travers ses articles, elle partage son expertise et encourage chacun à adopter des gestes simples pour un avenir plus durable.
