On l’oublie parfois, mais dès que le soleil pointe durablement le bout de son nez, certains recoins de nos jardins deviennent de véritables appâts pour les vipères. Et non, il ne s’agit pas d’un film d’horreur animalier… juste d’un risque bien réel à ne pas sous-estimer.
Votre cabane à outils, ce palace pour serpents
Elle est là, un peu penchée, posée au fond du jardin. Vous ne l’avez pas ouverte depuis l’hiver dernier et vous y entreposez tout ce qui ne rentre pas dans le garage : pots cassés, vieilles bâches, sacs de terreau. Le problème, c’est que tout cela crée, sans que vous le sachiez, un paradis thermique pour les vipères.
À partir du mois de mai, dès que le thermomètre dépasse les 20 °C, ces reptiles sortent de leur torpeur hivernale. Et ils ne cherchent qu’une chose : de la chaleur stable, un abri discret, et un peu de nourriture. Malheureusement, votre cabanon coche toutes les cases. Selon les pompiers et plusieurs observateurs sur le terrain, c’est même l’endroit idéal pour croiser une vipère aspic, la seule espèce venimeuse recensée sur l’ensemble du territoire métropolitain.
Pourquoi elles adorent s’installer là ?
Une étude du Muséum national d’Histoire naturelle a montré que les vipères étaient jusqu’à trois fois plus présentes dans les zones dites « semi-structurées » : un cabanon, un tas de bois, quelques pierres empilées, un plastique abandonné. En somme, tout ce que l’on retrouve chez n’importe quel jardinier un peu débordé.
Sous un abri exposé au sud, la température peut atteindre 28 °C dès le matin, offrant aux serpents un espace parfait pour se réchauffer. Les femelles gestantes, notamment, fuient les pierres brûlantes et se réfugient dans ces zones plus tempérées. On note également une hausse des morsures chez les chiens et chats, souvent curieux de ce qui rampe à proximité.
Comment rendre votre jardin moins accueillant ?
Il ne s’agit pas de transformer votre extérieur en bunker anti-serpents, mais quelques gestes simples peuvent faire toute la différence :
- Éloignez tout matériel stocké au sol (bois, pierres, bâches) à plus de 1,5 m du cabanon ;
- Surélevez vos outils avec des palettes ajourées ;
- Bouchez les interstices au ras du sol avec du grillage fin enterré d’une vingtaine de centimètres ;
- Passez la tondeuse régulièrement, surtout autour de la cabane et sous les marches ;
- Rangez systématiquement ce qui ne sert pas : pots, tuiles, sacs de terreau…
Dans certaines zones rurales, ces précautions ont permis de réduire significativement les interventions pour présence de vipères. On parle même de 60 % de cas en moins autour des habitations en quelques années.

Si vous en croisez une, pas de panique
Apercevoir une vipère dans votre jardin n’est pas une raison pour céder à la panique. Ces serpents ne sont ni agressifs ni territoriaux. En revanche, ils peuvent mordre s’ils se sentent acculés, notamment à moins de 50 cm. Et une morsure, même si elle reste rare, n’est jamais anodine : douleurs intenses, œdèmes, voire nécroses locales peuvent en découler.
Si vous soupçonnez la présence d’un serpent, ne tentez pas de l’attraper, encore moins de le tuer (c’est illégal). Fermez simplement la zone concernée, tenez vos enfants et animaux à l’écart, puis contactez les secours ou une association spécialisée.

Et si, malgré tout, quelqu’un est mordu, un seul réflexe : appelez immédiatement le 15. Le traitement antivenimeux est aujourd’hui très efficace, à condition d’être administré rapidement.
Un jardin, c’est fait pour se détendre. Mais un peu de vigilance ne fait jamais de mal… surtout quand elle évite un face-à-face imprévu avec un hôte un peu trop discret.

Isabelle Duferne est autrice pour uniclima.org, passionnée par les solutions concrètes aux défis environnementaux. Diplômée en sciences de l’environnement, elle a travaillé sur des projets de préservation de la biodiversité et de transition énergétique. À travers ses articles, elle partage son expertise et encourage chacun à adopter des gestes simples pour un avenir plus durable.




