Un tas de bois oublié, une haie laissée libre, un compost un peu trop accueillant… Voilà comment, sans même s’en rendre compte, on peut transformer son jardin en petit paradis pour les serpents. Et parfois, les inviter jusqu’à la maison.
Une présence de plus en plus fréquente autour des habitations
Chaque été, des signalements se multiplient partout en France : un serpent aperçu dans le garage, sous la terrasse ou carrément dans la cuisine. En 2023, plus de 1 200 interventions ont été recensées dans le sud du pays par les pompiers, preuve que le phénomène s’intensifie.
En cause ? Le réchauffement climatique qui modifie les comportements des reptiles. Les serpents, attirés par la chaleur, la proximité de l’eau, ou la présence de proies (rongeurs, oiseaux, insectes), s’aventurent plus souvent hors de leurs zones habituelles. Et contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas eux qui viennent à nous, mais nous qui leur facilitons l’accès.

Trois erreurs de jardinage à éviter absolument
Les spécialistes de l’herpétofaune sont unanimes : certaines pratiques de jardinage transforment nos extérieurs en véritables hôtels trois étoiles pour serpents.
- Le tas de bois ou de feuilles mortes : bien au frais, à l’ombre, il offre une cachette idéale pour les serpents… et les rongeurs, leurs proies favorites.
- Le compost ouvert : riche en chaleur, odeurs et déchets organiques, c’est un garde-manger parfait. Si, en plus, il est à moins de 5 mètres de la maison, le serpent n’a qu’à suivre le chemin.
- La haie touffue trop près des murs : elle sert de passerelle naturelle vers les fondations, les garages ou les vides sanitaires.
Des points d’entrée qu’on oublie trop souvent
Un serpent ne cherche pas spontanément à entrer dans une maison. Mais une ouverture discrète suffit à éveiller sa curiosité. Une grille d’aération absente, un jour sous la porte, une trappe mal fermée : il n’en faut pas plus à une couleuvre pour se faufiler dans une pièce fraîche et calme.
Et une fois à l’intérieur, c’est souvent par hasard qu’elle est découverte — lovée derrière un meuble ou sous la machine à laver. Des cas ont été signalés en région parisienne ou dans l’Est, là où on les attendait le moins.
Les bons réflexes pour les éloigner (sans leur nuire)
Pas besoin de tout bétonner pour éviter les visites impromptues. Voici les gestes simples, efficaces et respectueux de la biodiversité :
- Éloignez bois, compost et déchets à au moins 10 mètres de la maison
- Grillez toutes les ouvertures proches du sol
- Bouchez les interstices sous les portes avec des joints étanches
- Taillez régulièrement les haies trop épaisses
- Préférez les paillages minéraux aux écorces ou copeaux de bois près des murs
Ces gestes permettent de rediriger les serpents vers des zones plus naturelles, où leur présence reste bénéfique… mais à distance.
Et si un serpent entre chez vous ?
Pas de panique. Dans l’immense majorité des cas, il s’agit d’une couleuvre, espèce inoffensive et protégée. Ne tentez pas de l’attraper ou de la blesser. Fermez la pièce, ouvrez une fenêtre ou une porte vers l’extérieur, et laissez-lui une chance de s’échapper.
Si vous vous sentez en danger ou que l’animal reste bloqué, contactez les pompiers ou une entreprise spécialisée.
À retenir : tuer un serpent est interdit par la loi. En France, toutes les espèces de serpents sont protégées. Enfreindre cette règle peut vous exposer à 15 000 € d’amende et jusqu’à un an de prison.
Jardiner sans risque, c’est possible
Le serpent est un allié du jardinier. Il régule les rongeurs, les limaces et autres petits indésirables. Mais comme tout bon voisin, il a besoin de limites. Avec quelques aménagements bien pensés, vous pouvez préserver son rôle écologique tout en sécurisant votre maison.
Des gestes simples, peu coûteux, mais qui peuvent éviter bien des frayeurs lors d’une douce soirée d’été.
Isabelle Duferne est autrice pour uniclima.org, passionnée par les solutions concrètes aux défis environnementaux. Diplômée en sciences de l’environnement, elle a travaillé sur des projets de préservation de la biodiversité et de transition énergétique. À travers ses articles, elle partage son expertise et encourage chacun à adopter des gestes simples pour un avenir plus durable.