Le soleil revient, les températures grimpent, et avec elles, quelques hôtes discrets refont surface dans nos jardins. Silencieux, furtifs, souvent mal-aimés… les serpents ont pourtant bien plus à nous apprendre qu’à nous craindre. Petit tour d’horizon de ces reptiles qui rampent sans bruit mais attisent bien des fantasmes.
Des serpents chez soi : faut-il s’inquiéter ?
Dans les Deux-Sèvres, et plus précisément dans le secteur du Thouarsais, on peut croiser cinq espèces de serpents. Quatre couleuvres et une vipère aspic. Rien d’exceptionnel à cela : ces reptiles à sang-froid sortent de leur léthargie hivernale dès les beaux jours pour reprendre leur vie tranquille.
Sandra Cerclet, spécialiste de la faune locale, observe ces animaux depuis des années dans la Vallée du Pressoir. Et le constat est simple : ils sont bien là, parfois même dans nos jardins, mais sans chercher la confrontation. Leur réflexe premier face à l’homme ? La fuite.
Couleuvres ou vipères : comment faire la différence ?

La couleuvre verte et jaune, la plus grande du coin (jusqu’à 1,80 m), impressionne par sa taille… mais reste farouchement pacifique. Sa cousine, la couleuvre helvétique, préfère une stratégie bien différente : faire la morte. Oui, littéralement. Elle se laisse tomber, la tête pendante, et va jusqu’à s’uriner dessus pour décourager les prédateurs. Ambiance.
La couleuvre vipérine, quant à elle, joue les comédiennes. En cas de menace, elle gonfle sa tête pour ressembler à une vipère. Une ruse efficace pour effrayer sans mordre. Dans tous les cas, le mot d’ordre est clair : évitement.

La vipère aspic : venimeuse, mais pas vindicative
Bien qu’elle soit venimeuse, la vipère aspic reste une créature très discrète. Elle ne mord qu’en dernier recours, lorsqu’elle se sent acculée. Et encore : une morsure sur deux est dite « à blanc », c’est-à-dire sans injection de venin. Car produire du venin coûte cher en énergie. Les serpents savent faire la différence entre un prédateur et une vraie proie.
Statistiquement, en France, moins d’un décès par an est lié à une morsure de serpent. Pas de quoi paniquer donc, mais bien sûr, la prudence reste de mise si l’on s’aventure pieds nus dans les herbes hautes.

Une cohabitation possible… et même bienvenue
Malgré leur utilité écologique, les serpents sont encore trop souvent tués ou malmenés. Pourtant, en France, toutes les espèces de serpents sont protégées par la loi. Les éliminer est illégal, mais surtout, inutile. Ces reptiles ne sont pas nuisibles : leur présence indique un écosystème équilibré.
Avoir un serpent dans son jardin ? C’est même bon signe. Cela veut dire qu’il y a proies en nombre, peu de pollution et un environnement sain.

Que faire si vous croisez un serpent ?
Pas de panique. Inutile de sortir la pelle ou l’aspirateur. La meilleure chose à faire est de ne pas intervenir : pas de gestes brusques, pas de tentative de capture. Si vous êtes curieux, vous pouvez l’observer de loin, voire prendre une photo pour le souvenir.

En cas de doute ou de présence gênante, il est possible de contacter des organismes compétents comme Deux-Sèvres Nature Environnement ou le service biodiversité de la communauté de communes. Ces professionnels sauront vous guider, ou intervenir si nécessaire.
Au final, les serpents de nos jardins sont comme nous : ils cherchent la tranquillité. Et si on leur laissait un peu plus de place, peut-être apprendrions-nous à les voir autrement qu’à travers le prisme de la peur. Après tout, qui n’a jamais été mal compris à cause de son apparence ? Eux aussi, visiblement.

Isabelle Duferne est autrice pour uniclima.org, passionnée par les solutions concrètes aux défis environnementaux. Diplômée en sciences de l’environnement, elle a travaillé sur des projets de préservation de la biodiversité et de transition énergétique. À travers ses articles, elle partage son expertise et encourage chacun à adopter des gestes simples pour un avenir plus durable.




